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La Ville sans Juifs
Olivier Guez (préface de)
Collection : Belfond Vintage
Date de parution : 07/09/2017
Éditeurs :
Belfond

La Ville sans Juifs

Olivier Guez (préface de)
Collection : Belfond Vintage
Date de parution : 07/09/2017
En 1922, Hugo Bettauer, journaliste, romancier, grand provocateur, imagine une étonnante satire politique. Alors que Vienne traverse une grave crise économique et sociale, les autorités arrivent à une conclusion imparable : pour sortir du marasme, il suffit de faire partir tous les habitants juifs.
À Vienne, en 1922, les Juifs autrichiens occupent les postes-clés de la ville. Certes, les viennois apprécient hautement leurs qualités, mais les estimant trop écrasantes pour que la majorité aryenne... À Vienne, en 1922, les Juifs autrichiens occupent les postes-clés de la ville. Certes, les viennois apprécient hautement leurs qualités, mais les estimant trop écrasantes pour que la majorité aryenne puisse elle aussi prendre son essor, obtiennent du Parlement l’expulsion de tous les Juifs d’Autriche. Expulsion douloureuse mais non physiquement... À Vienne, en 1922, les Juifs autrichiens occupent les postes-clés de la ville. Certes, les viennois apprécient hautement leurs qualités, mais les estimant trop écrasantes pour que la majorité aryenne puisse elle aussi prendre son essor, obtiennent du Parlement l’expulsion de tous les Juifs d’Autriche. Expulsion douloureuse mais non physiquement brutale, chaque individu recevant une indemnité proportionnelle à ses précédentes déclarations fiscales, ce qui ne manque pas de faire naître, chez certains, quelques regrets tardifs.
Après le départ du dernier Juif, fêté dans l’allégresse, l’euphorie retombe très vite. Des secteurs entiers de l’économie périclitent. Les Juifs savaient certes gagner de l’argent, mais avaient aussi l’art d’en dépenser. Le cours de la couronne s’effondre, le chômage et l’inflation galopent alors que, de son côté, la vie intellectuelle et culturelle tombe au plus bas. Vienne perd son prestige de capitale et prend des allures de ville de province.
On en vient bientôt à souhaiter secrètement le retour des Juifs…

EXTRAITS
« De l’université à la rue Bellaria, une véritable muraille humaine cernait le splendide et serein bâtiment où siégeait le Parlement. En cette matinée de juin, tout Vienne semblait s’être donné rendez-vous, à dix heures, là où allait se jouer un événement historique d’une portée imprévisible. Bourgeois et ouvriers, dames et femmes du peuples, adolescents et vieillards, jeunes filles, petits enfants, malades dans leurs fauteuils roulants, surgissaient pêle-mêle, criaient et discutaillaient politique et suaient abondamment. À tout moment, un nouvel exalté se mettait à haranguer la foule et sans cesse on entendait retentir le même slogan :
‟Dehors les Juifs !” »


« Mesdames et messieurs ! J’ai dit que je tenais le Juif, considéré en soi et objectivement, pour un individu estimable, et je le maintiens. Mais le hanneton doré, avec ses ailes étincelantes, n’est-il pas lui aussi une créature belle et estimable, et n’est-il pas malgré tout exterminé par le jardinier consciencieux, parce que la rose lui est plus chère que le hanneton ? Le tigre n’est-il pas un animal magnifique, plein de force, de courage et d’intelligence ? Et n’est-il pas cependant chassé et traqué parce que la lutte pour la vie l’exige ? C’est de ce point de vue et de lui seul que nous devons considérer la question juive. C’est nous ou bien les Juifs ! »
 

 
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EAN : 9782714476296
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 192
Format : 140 x 205 mm
EAN : 9782714476296
Façonnage normé : BROCHE
Nombre de pages : 192
Format : 140 x 205 mm

Ils en parlent

"Un livre d'exception écrit par un homme d'exception."
Pierre Deshusses / Le Monde

Ce qu'en pensent nos lecteurs sur Babelio

  • Leya-niess 10/10/2019
    Hugo Bettauer a signé avec « La ville sans juifs » une véritable anticipation politique de l’Autriche. Ecrit en 1922, le roman préfigure la situation que l’on connaît (un mouvement populaire prend le pouvoir et chasse les Juifs, source de tous les problèmes, de Vienne. (suite)
  • Annette55 28/03/2018
    Voici un livre étonnant dont je n'avais jamais entendu parler , découvert à la médiatèque , écrit en ........1922 par Hugo-Bettauer, écrivain sans tabous , fantasque, romancier et journaliste, grand provocateur, qui s'attirait les foudres de la presse bien - pensante ........une curiosité! Dans cette satire il dénonce avec force et ironie la lâcheté des politiques et la versatilité des masses, " un roman d'après demain " , ainsi qualifié par lui , un récit de politique fiction étonnamment prémonitoire, : solution au marasme autrichien , faire partir tous les habitants juifs. En réalité , l'idée principale de l'auteur est de dénoncer l'antisémitisme montant et de démontrer jusqu'à l'absurde que les autrichiens "juifs d'origine, "ne sont en rien responsables des problèmes multiples auxquels l'Autriche est confrontée et que leur départ ne ferait qu'aggraver la crise grave que traverse le pays ........ L'auteur met Vienne , sa ville , en scène avec force détails et quelques personnages conventionnels , l'émotion ne transparaît pas .......l'écriture est froide. Au début c'est la liesse populaire , les Viennois sont euphoriques , ils font la fête , ils vont récupérer les logements libérés par les juifs expulsés :quarante mille libérés d'un coup .......il faut montrer au monde entier que l'Autriche peut vivre sans les juifs ! La populace observe quotidiennement le départ des trains d'évacuation et insulte copieusement les malheureux juifs expulsés après cette loi, ces chiens galeux ! Mais petit à petit l'enthousiasme fond comme neige au soleil, l'absence des juifs se fait sentir , l'économie périclite, le chômage est massif, les commerçants ne gagnent plus leur vie , ils ne sont pas à la hauteur , le tourisme périclite ........ Le fin de cette satire est optimiste toutefois.Mais trois ans plus tard, les antisémites se vengeront et ne pardonneront jamais à Hugo-Bettauer son pamphlet grinçant et absurde , il meurt assassiné par un militant nazi . Son premier fils sera exterminé à Auschwitz et moins de cinq mille sept cents juifs vivent encore à Vienne à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. L'auteur est visionnaire : ce pamphlet dérangeant , surprenant , apparaît , quatre- vingt- seize ans plus tard , malheureusement , toujours d'actualité! Voici un livre étonnant dont je n'avais jamais entendu parler , découvert à la médiatèque , écrit en ........1922 par Hugo-Bettauer, écrivain sans tabous , fantasque, romancier et journaliste, grand provocateur, qui s'attirait les foudres de la presse bien - pensante ........une curiosité! Dans cette satire il dénonce avec force et ironie la lâcheté des politiques et la versatilité des masses, " un roman d'après demain " , ainsi qualifié par lui , un récit de politique fiction étonnamment prémonitoire, : solution au marasme autrichien , faire partir tous les habitants juifs. En réalité , l'idée principale de l'auteur est de dénoncer l'antisémitisme montant et de démontrer jusqu'à l'absurde que les autrichiens "juifs d'origine, "ne sont en rien responsables des problèmes multiples auxquels l'Autriche est confrontée et que leur départ ne ferait qu'aggraver la crise grave que traverse le pays ........ L'auteur met Vienne , sa ville , en scène avec force détails et quelques personnages conventionnels , l'émotion ne transparaît pas .......l'écriture est froide. Au début c'est la liesse populaire , les Viennois sont euphoriques , ils font la fête , ils vont récupérer les logements libérés par les juifs expulsés :quarante mille libérés d'un coup .......il faut montrer...
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  • Deanerys 22/02/2018
    Je remercie Cultura et le comité de lecture qui m’ont permis de découvrir ce roman. Alors il ne s’agit pas vraiment d’une nouveauté dans le sens où ce roman a été écris en … 1922 ! Cependant, il est très intéressant puisque l’auteur a été visionnaire d’un point de vue historique sur ce qui arriverait aux Juifs. J’ai vraiment aimé découvrir cette histoire fictive avec mon recul sur l’Histoire. Si ce roman n’est pas exceptionnel en terme d’écriture (l’histoire est simple, les personnages pas spécialement attachants), il reste intriguant quand on connait la date à laquelle il a été écrit. Il est paru en 1922. A cette date, le parti nazi allemand n’est pas encore au pouvoir, Hitler n’a pas encore fait parler de lui et nous nous trouvons dans l’entre deux guerre. Pourtant, l’antisémitisme (même s’il n’est pas à son maximum) est bien présent. Les Juifs sont les souffres douleurs, on leur reproche beaucoup de choses, notamment de s’enrichir et d’être la cause des divers maux. L’auteur, vraiment lucide sur son époque, il a donc décidé d’écrire ce roman dans lequel il veut démontrer l’absurdité des thèses antisémites en imaginant l’expulsion des Juifs d’Autriche. Dans ce roman, nous allons donc nous rendre compte de la façon dont son traité les Juifs. Décris comme « esprits mauvais, têtes de turcs, vampires et oppresseurs du peuple », on voit clairement qu’ils sont mal jugés, qu’on les accuse de tout et n’importe quoi. En ce sens, il va rapidement être décidé que le pays se porterait mieux sans eux et ils vont petit à petit être expulsé jusqu’à ce qu’il n’en reste plus aucun. Bien sûr, cette expatriation va rendre les autrichiens euphoriques. Enfin ils vont pouvoir récupérer les logements, l’argent, les commerces et divers emplois. Mais au fil du temps, ils vont se rendre compte que tout ne marche pas comme ils l’auraient voulu. L’économie ne cesse de chuter, le chômage augmente, les commerces font faillites et l’inflation s’installe. Mais cette fois, ils n’ont plus personne sur qui rejeter la faute. Et il va être bien difficile de s’en prendre à eux-mêmes alors que les Juifs ont toujours représenté la cible parfaite. J’ai vraiment aimé cet ouvrage écrit avec beaucoup de dérision et de cynisme. Tout ce qui se passe est assez gros bien sûr mais je pense que c’était voulu par l’auteur pour renforcer le côté absurde des thèses antisémites. Il a ainsi voulu montrer que non, les Juifs ne sont pas responsables de tous les maux du monde. Si l’histoire est écrite sur un ton léger, on sent que le sujet ne l’est pas et que l’auteur sentait que la situation des Juifs ne cessait de se détériorer. Malgré tout il a choisi de finir sur une note optimiste qui malheureusement ne sera pas le cas de la réalité … C’est un ouvrage vraiment intéressant à lire avec notre recul. C’est fou de se dire que ce roman a été quasiment prémonitoire. Je pense que l’auteur a imaginé une théorie extrême : l’expulsion des Juifs, sans soupçonner que ça deviendrait réalité quelques années plus tard. Je pense qu’il ne pouvait même pas imaginer que le destin des Juifs serait bien plus noir et dramatique que son scénario. En tout cas il a été très lucide sur les évènements et a été courageux d’écrire un tel roman dans ce contexte.Je remercie Cultura et le comité de lecture qui m’ont permis de découvrir ce roman. Alors il ne s’agit pas vraiment d’une nouveauté dans le sens où ce roman a été écris en … 1922 ! Cependant, il est très intéressant puisque l’auteur a été visionnaire d’un point de vue historique sur ce qui arriverait aux Juifs. J’ai vraiment aimé découvrir cette histoire fictive avec mon recul sur l’Histoire. Si ce roman n’est pas exceptionnel en terme d’écriture (l’histoire est simple, les personnages pas spécialement attachants), il reste intriguant quand on connait la date à laquelle il a été écrit. Il est paru en 1922. A cette date, le parti nazi allemand n’est pas encore au pouvoir, Hitler n’a pas encore fait parler de lui et nous nous trouvons dans l’entre deux guerre. Pourtant, l’antisémitisme (même s’il n’est pas à son maximum) est bien présent. Les Juifs sont les souffres douleurs, on leur reproche beaucoup de choses, notamment de s’enrichir et d’être la cause des divers maux. L’auteur, vraiment lucide sur son époque, il a donc décidé d’écrire ce roman dans lequel il veut démontrer l’absurdité des thèses antisémites en imaginant l’expulsion des Juifs d’Autriche. Dans ce roman, nous allons donc nous...
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  • miriam 03/02/2018
    Ville sans Juifs est une curiosité dont je n'avais jamais entendu parler?un livre de politique-fiction, on dit maintenant dystopie,  genre très en vogue. Sauf que cette fiction parue en 1925, annonce précisément ce qui va se dérouler dans la décennie suivante. Du point de vue littéraire, Le roman de Bettauer ne se distingue ni par l'originalité de son style, ni par la psychologie des personnages, très conventionnels. Mais par la précision de l'anticipation il est stupéfiant. Certes, l'antisémitisme, en Autriche ne date pas du nazisme. Bettauer a payé de sa vie le succès de La ville sans Juifs, en 1925 son assassin, en revanche , Rothstock, fut libéré d'asile psychiatrique dès 1933, comme homme libre. Dans la préface, Olivier Guez écrit : "il s'agit moins d'un livre prophétique toutefois que d'une fiction politique car Bettauer ne croit pas, ne peut pas croire aux "Heil" grotesques et aux brassards à croix gammée, à la haine absurde qui provoquerait la ruine d'une ville et de tout un pays...." Et justement, c'est cela qui m'a frappée, la description précise de l'évolution politique : "après la prétendue politique de redressement qui a duré deux ans, la situation financière de l'Autriche s'est à nouveau détériorée? Quand la valeur de la couronne autrichienne est tombée à deux-centièmes de centimes, les désordres ont commencé..[...] des incidents se produisaient tous les jours, des magasins étaient pillés, il y avait des pogroms , la colère et le désespoir de la population ne connurent plus de borne et finalement on dut prodéder à des élections...." Le lois anti-juives furent votées et les Juifs expulsés. "Après la grande expulsion, tout Vienne se transforma en un camp de porteurs de croix gammées. Hommes et femmes, adolescents et enfants, presque tout le monde exhibait l'emblème que l'on voyait sur toutes les affiches, sur les drapeaux et les insignes." "nous n'avons plus aucune chance de nous rattacher (à l'Allemagne), ou bien croyez vous que les Allemands sont aussi crétins que nous et qu'ils vont flanquer leurs Juifs dehors" Véritable prophétie, l'auteur montre tous les travers des Nazis. On se demande comment, sachant ce qu'il savait, on n'a pas pu éviter la catastrophe. Le roman de Bettauer est d'un optimisme étonnant. Selon le roman, les Juifs, détenteurs des richesses et du commerce, ruinent l'économie en émigrant. L'Autriche est ruinée par leur départ. On réclame leur retour. Et ils rentrent en triomphateurs. Ce que Bettauer n'avait pas prévu, c'est la Seconde Guerre mondiale!Ville sans Juifs est une curiosité dont je n'avais jamais entendu parler?un livre de politique-fiction, on dit maintenant dystopie,  genre très en vogue. Sauf que cette fiction parue en 1925, annonce précisément ce qui va se dérouler dans la décennie suivante. Du point de vue littéraire, Le roman de Bettauer ne se distingue ni par l'originalité de son style, ni par la psychologie des personnages, très conventionnels. Mais par la précision de l'anticipation il est stupéfiant. Certes, l'antisémitisme, en Autriche ne date pas du nazisme. Bettauer a payé de sa vie le succès de La ville sans Juifs, en 1925 son assassin, en revanche , Rothstock, fut libéré d'asile psychiatrique dès 1933, comme homme libre. Dans la préface, Olivier Guez écrit : "il s'agit moins d'un livre prophétique toutefois que d'une fiction politique car Bettauer ne croit pas, ne peut pas croire aux "Heil" grotesques et aux brassards à croix gammée, à la haine absurde qui provoquerait la ruine d'une ville et de tout un pays...." Et justement, c'est cela qui m'a frappée, la description précise de l'évolution politique : "après la prétendue politique de redressement qui a duré deux ans, la situation financière de l'Autriche s'est à nouveau détériorée? Quand la valeur de la couronne autrichienne...
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  • Ingannmic 02/02/2018
    Vienne, début des années 20. L'Autriche connaît une crise économique sans précédent, sa monnaie est fortement dévaluée. Comme toujours face à une telle situation, la colère populaire se cristallise sur un bouc émissaire : les pogroms se multiplient, les magasins tenus par des juifs sont pillés. Le Dr Schwertfeger, ayant mené campagne avec comme principal argument son projet d'expulsion des juifs, est massivement élu au poste de chancelier. Dès son arrivée au parlement, il s'empresse de remplir sa promesse, et de bouter hors d'Autriche les soi-disant responsables de tous les maux du pays, ces individus dont la supériorité, l'intelligence, leur ont permis d'avoir la mainmise sur l'économie et la culture. Il en va de la survie du peuple autrichien, trop simple, trop naïf pour s'imposer face à cette engeance ambitieuse et rusée... Le nouveau gouvernement autrichien peut par ailleurs compter, pour mener à bien cette épuration ethnique, sur le soutien financier de riches mécènes américains ou européens. Las ! L'euphorie qui fait suite au départ des juifs, dont on occupe les logements devenus vacants, dont on reprend les commerces florissants, cède bientôt la place à la morosité suscitée par un brusque regain de la crise économique et une inflation galopante. Les viennois réalisent peu à peu que les juifs leur manquent : sans leur sens des affaires, sans leur pouvoir d'achat, le commerce périclite. Les ploucs autrichiens fiers d'arborer quotidiennement le costume traditionnel, radins, frustes, ont remplacé dans les parcs et les magasins ces juifs distingués et prospères qui faisaient de Vienne la capitale de l'élégance et un centre actif de la vie artistique et culturelle. Avec ce roman écrit en 1922, Hugo Bettauer s'attache à fustiger les préjugés et à démontrer l'absurdité des théories nazies qui trouvent déjà des échos dans la société autrichienne. Sous la forme d'une succession de tableaux évoquant des situations qui mettent en évidence ce que cette société aurait à perdre si elle chassait ses juifs, son texte, parce qu'il se fait démonstratif, voire caricatural, prend des allures de fable. Mais il s'agit, malgré sa dimension souvent cocasse, d'une fable cynique, féroce, qui pointe l'hypocrisie, la vénalité et la cruauté d'une certaine bourgeoisie viennoise. Ce qui est troublant, c'est que l'auteur utilise pour servir son propos les arguments même de ceux qu'il attaque : la dimension de son raisonnement n'est pas tant humaniste que pragmatique. Plutôt que de remettre en question la véracité des caractéristiques que leurs détracteurs attribuent aux juifs, il les reprend à son compte pour en faire des qualités précieuses au bon fonctionnement de la communauté... Le succès, lors de sa parution, de "La ville sans juifs", attira à cet auteur déjà très controversé pour ses positions progressistes et provocatrices de nombreux ennemis. Aurait-il conclu son roman sur une note optimiste s'il avait su qu'il serait assassiné, en 1925, par un militant nazi, et s'il avait eu ne serait-ce qu'un aperçu de la barbarie que permettrait, quelques années plus tard, l'arrivée d'Adolphe Hitler au pouvoir ?Vienne, début des années 20. L'Autriche connaît une crise économique sans précédent, sa monnaie est fortement dévaluée. Comme toujours face à une telle situation, la colère populaire se cristallise sur un bouc émissaire : les pogroms se multiplient, les magasins tenus par des juifs sont pillés. Le Dr Schwertfeger, ayant mené campagne avec comme principal argument son projet d'expulsion des juifs, est massivement élu au poste de chancelier. Dès son arrivée au parlement, il s'empresse de remplir sa promesse, et de bouter hors d'Autriche les soi-disant responsables de tous les maux du pays, ces individus dont la supériorité, l'intelligence, leur ont permis d'avoir la mainmise sur l'économie et la culture. Il en va de la survie du peuple autrichien, trop simple, trop naïf pour s'imposer face à cette engeance ambitieuse et rusée... Le nouveau gouvernement autrichien peut par ailleurs compter, pour mener à bien cette épuration ethnique, sur le soutien financier de riches mécènes américains ou européens. Las ! L'euphorie qui fait suite au départ des juifs, dont on occupe les logements devenus vacants, dont on reprend les commerces florissants, cède bientôt la place à la morosité suscitée par un brusque regain de la crise économique et une inflation galopante. Les viennois...
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